Lorsque l’on se prépare à une mission de volontariat en Amérique Latine, il est difficile de se projeter. On arrive avec des attentes floues, sans savoir précisément à quoi s’attendre. Souvent, on hésite même à imaginer ce qui nous attend, de peur d’entretenir des stéréotypes inconscients sur une culture que l’on connaît peu. L’idée même de préjuger les habitudes ou coutumes locales semble à la fois réductrice et injuste, parce qu’on a conscience que nos repères culturels en sont éloignés. Ceci crée un certain malaise. Comme si essayer d’anticiper ce que nous allons vivre en arrivant sur le terrain revenait à manquer de respect à la richesse et à la diversité d’une culture qui n’est pas la nôtre. Nous arrivons donc sur place avec cette retenue, mélangée à un désir de découvrir et de s’adapter à cette nouvelle culture.
S’adapter à une nouvelle culture: bien plus qu’un simple processus
Des habitudes et des perceptions différentes
Cependant, dès le début du voyage, les réalités culturelles s’imposent tant à nous qu’on ne peut que s’y adapter. On comprend donc que l’adaptation est bien plus qu’un simple processus d’apprentissage personnel. C’est également plus qu’une immersion dans un environnement différent de celui auquel nous sommes habitués. Dès le début du voyage, notre adaptation à cette nouvelle culture devient une nécessité quotidienne. En effet, chaque jour sur le terrain, nous sommes confrontés à des défis qui mettent en doute nos perceptions habituelles. Cela nous demande de faire preuve d’humilité, en reconnaissant que ce qui est vrai pour nous ne l’est pas forcément pour tous. Il faut accepter que ce qui est socialement acceptable pour une “gringa” (terme utilisé pour parler d’un étranger) ne le sera pas nécessairement pour quelqu’un qui est né en Amérique Latine.
La peur des faux pas
Au Guatemala notamment, la culture locale s’enracine profondément dans des valeurs de respect, de communauté et de célébration. La crainte de mal interpréter les comportements ou de ne pas respecter les normes sociales nous accompagne souvent. Nous redoutons que nos attitudes ou nos actions puissent sembler déplacées ici. Par exemple, lors de la fête d’indépendance, nous nous sommes retrouvées avec quelques amies à danser devant les « bandejas » et « desfiles », ces grandes parades symboliques qui rythment la journée du 15 septembre. Sous le regard appuyé des passants, nous avons soudain ressenti cette peur d’avoir franchi une limite invisible. Avions-nous manqué de respect à une célébration si sacrée pour le peuple guatémaltèque ? Ce n’est que plus tard que nous bénéficiaires et amis guatémaltèques nous ont rassurées. Loin d’être perçu comme une faute, le fait que des “gringas” comme nous se joignent aux festivités locales avait été vu comme un signe d’intégration et de respect envers leur culture.
Ces chocs culturels qui nous font grandir
Au-delà des différences, l’adaptation à une nouvelle culture nous enrichit profondément. Nous avons appris que ces chocs culturels nous ouvrent à de nouvelles manières de vivre et de percevoir le monde. Malgré les moments d’incertitude, l’adaptation passe par des tentatives de faire un pas vers l’autre, de comprendre ses codes, tout en gardant la volonté de respecter les règles sociales. C’est aussi une ouverture à cet autre, une curiosité qui dépasse la peur du faux pas et qui nous permet de grandir, personnellement et professionnellement.
Être volontaire au Guatemala, c’est donc aussi accepter l’idée que nous avons beaucoup à apprendre de ceux que nous rencontrons. Les femmes avec lesquelles nous travaillons, nous enseignent bien plus que nous pourrions leur apporter. Leur résilience, leur force et leur capacité à s’adapter aux changements nous inspirent chaque jour.
Conclusion
En fin de compte, ce serait faux que de réduire cette expérience de volontariat en Amérique Latine à un simple service rendu à autrui. C’est en réalité une leçon d’humilité, d’écoute, et un pas vers un monde plus ouvert. On apprend à déconstruire ses propres certitudes pour laisser place à l’apprentissage de l’autre. Finalement, l’adaptation à une nouvelle culture, c’est apprendre de l’autre pour révéler ce que nous ignorions encore de nous-mêmes.